Robert Helman

Catalogue raisonné

Robert Helman

1910 – Robert Helman naît à Galatz en Roumanie, dans une famille juive  aisée. Son père possède une importante distillerie d’alcool. Un professeur particulier l’initie au dessin et à la peinture, mais ses dons sont contrariés par la volonté familiale.

1927 - Robert Helman arrive à 17 ans à Paris pour s’inscrire à la faculté de droit. Pendant ces  années au Quartier Latin, il fréquente les milieux intellectuels où il rencontre notamment Maurice Nadeau et Philippe Soupault.

1933 - Devenu avocat, Robert Helman se marie avec Zéna, une jeune Roumaine comme lui, étudiante en philosophie à la Sorbonne.

LES ANNÉES D'EXIL  EN ESPAGNE (1939 - 1945)

1939-1945 – Prévenus de l'invasion hitlérienne par des amis allemands, Robert et Zéna se réfugient à Barcelone. C'est là qu'Helman revient à la peinture. Excellent portraitiste, il commence par peindre ses amis et voisins pour gagner sa vie, puis attiré pas la palette de Velasquez, il crée ses premières « Genèses », paysages volcaniques aux couleurs chaudes et bouillonnantes. Il fait la connaissance du peintre de Saint-Domingue Jaime A. Colson, professeur à l’Académie des beaux-arts de Barcelone. Ce dernier lui apprend la technique de la fresque et l’invite à rejoindre le collectif d’artistes « Los artistas de la Campana de San Gervasio ». Ce collectif prend le nom du café dans lequel ses membres se rencontrent. Le groupe rassemble entre autres les artistes Joan Vilató et Josep Vilató (neveux de Pablo Picasso), Joan Ponç, Antoni Tápies, Modest Cuixart, José María de Sucre et le poète Joan Brossa ainsi que le critique d’art Arnau Puig. C’est ainsi qu’en 1945 les œuvres de Robert Helman sont présentées pour la première fois à la Galerias Pictoria, où il rencontre le peintre Emmanuel Mané-Katz avec lequel il va nouer une longue amitié.

MONTPARNASSE et LES ANNEES DE COMBAT (1945 – 1950)

1946 - La France libérée, Robert Helman revient avec sa femme à Paris et décide de se consacrer entièrement à la peinture. Mané Katz lui cède son ancien atelier et Helman s’installe à Montparnasse. Il se lie d’amitié avec les peintres espagnols Oscar Dominguez et Antoni Clavé, avec Victor Brauner et Jean-Michel Atlan. Ils se rencontrent au Dôme, à La Coupole, au café Le Sélect ou encore à La Pagode du carrefour Vavin. Cette époque d’après-guerre voit affluer à Paris les artistes de tous les continents. À l’atelier de Robert Helman, on croise les peintres Lan-Bar, Pichette, Michonze, Dmitrienko,  les sculpteurs italiens Nardo Dunchi et Gigi Guadanucci, le Brésilien Franz Krajcberg, le peintre australien Sacha Halpern et bien d'autres…

1947–1948 - Robert Helman abandonne ses premiers thèmes influencés par le surréalisme et amorce sa cosmologie personnelle. Marqué par la destruction de l'Europe par les nazis, il faut tout reconstruire, tout recréer.  Helman commence par peindre des Racines dépouillées et des Germinations qu'il expose à la Galerie Berri-Raspail, catalogue de Maurice Nadeau, et à la galerie Breteau en avril, puis en juillet aux cotés de Jean-Michel Atlan, Pierre Soulages, Hans Hartung, Oscar Dominguez, Henri Gœtz. Catalogue de Georges Boudaille.

1949 – Voulant garder le contact avec la nature, Robert Helman s’installe à Saint- Paul de Vence où il se lie avec le poète André Verdet et noue également une amitié avec le peintre turc Dino Abidine, installé à Antibes. Mais il ne restera que huit mois en Provence, gêné, dira-t-il, par la lumière qui l'empêche de peindre. La même année, il expose à la galerie Louis Manteau à Bruxelles, catalogue de Pierre Descargues.

1950 - Par décret paru au Journal Officiel du 15 juillet 1950, Robert et Zéna Helman sont naturalisés français. 

LA LIBERATION DU GESTE  (1950 – 1960)

1951 - Première monographie par Jean Bouret, publiée aux éditions Les Gémeaux, collection « Les Artistes du temps présent ». L'art de Robert Helman se dépouille de toute figuration et son geste   prend son élan, mais l'abstraction reste ancrée dans le réel. L'artiste ne quitte pas son sujet : les Genèses en fusion, après avoir donné naissance aux Racines et Germinations, engendrent des Arbres et des Végétations. L'artiste veut transmettre l'émotion de la création du monde par le choc pictural. Le pollen de ses Arbres s'envole enfin, donnant naissance à la série des « Envols » 

1952 – Robert Helman rencontre le critique d’art italien Guiseppe Marchiori qui l’expose à la galerie Sandri à Venise. Il expose également ses « Envols » à la galerie Mouradian et Valloton à Paris.

1954 – Esprit indépendant, refusant les influences du moment,  Robert Helman commence sa vie d'artiste voyageur et expose à la galerie Agnès Lefort à Montréal et à la galerie Elisabeth Nelson à Chicago.

1955–1957 – Robert Helman se lie au marchand d’art Henri Bénézit qui l’exposera plusieurs années dans sa galerie de la rue Miromesnil. Le geste de l'artiste se libère encore et va vers une « abstraction  lyrique », ce qui n'échappe pas à son ami Pierre Restany. Helman expose à la galerie Ex-Libris à Bruxelles, à la galerie Muratore à Nice, à la galerie Sous-Barri à Saint-Paul de Vence, à la Ben Uri Gallery à Londres, les galeries Apollinaire et Blu à Milan, et à la galerie Nicole à New york (textes de Pierre Restany et Jacques Lassaigne). 

1959 - Parution de la monographie « HELMAN » par Philippe Soupault, collection Le Musée de Poche. Expositions à Paris à la Hune, à la Galerie Charpentier, à la galerie Greer à New York où il rencontre De Kooning. La Tate Gallery à Londres aquiert une œuvre. 

 LES FORÊTS - LES ANNÉES DE PLÉNITUDE (1960 -1970)

1961–1963 - Robert Helman se lie au marchand d’art G. Di San Lazzaro qui l’expose dans sa galerie du XXème siècle. C'est l'époque des forêts profondes et denses, mystérieuses et foisonnantes. Helman y exprime tous les mystères poétiques de la jungle. La lumière n'y pénètre que pour éclairer l'essentiel. Il utilise « le vert Rembrandt » dont la densité confère à ses forêts une rare profondeur. Il expose à nouveau à la Galeria Blu à Milan, puis à la galerie Parti-Pris à Grenoble, la galerie Il Traghetto à Venise, la galerie Il Centro à Naples, la galerie Cavalero à Antibes, la galerie Hilt à Bâle. Textes de Jacques Lassaigne, Charles Estienne et André Verdet dans la Revue du XXe siècle.

1964  - Au cours de l’été 64, Robert Helman tombe sous le charme de la forêt d’Othe, près de Troyes, qui lui rappelle ses paysages d’enfance de Roumanie. Il achète une vieille ferme isolée au milieu d’arbres centenaires, qui deviendra son atelier d’été. Ses œuvres sont présentées cette année-là à la galerie Lutz & Meyer à Stuttgart, à la galerie Beno D’Incelli à Paris et à la Sala Gaspar à Barcelone. 

1965–1969 - Lors d'un voyage au Mexique, Robert Helman découvre les papiers d’écorce de bois, matériau idéal pour un peintre qui a fait de l’arbre et de la forêt son thème central. Il en achète plusieurs rouleaux et peint une série d’arbres et de forêts sur ce nouveau support. Il expose à nouveau à la galerie Beno D’Incelli à Paris, à la galerie Stewart-Verde à San Francisco, au musée de Saint-Paul de Vence, à la galerie Santa Maria à Rome, à la galerie L’Entracte à Lausanne. Une première Rétrospective, présentée par Haïm Gamzu, lui rend hommage au musée Dizengof de Tel-Aviv. Lors de sa visite en Israël, il crée une série de tapisseries dans l’atelier d’Itche Mambush dans le village d’artistes Ein Hod. Il les exposera en 1972 à New York.

LA MATURITÉ : L'ÉPURATION DES SIGNES (1970 – 1980)

1972 - À partir des années 70, Robert Helman commence à peindre à l’acrylique et abandonne peu à peu la peinture à l’huile. Cela lui permet d'obtenir de nouvelles transparences et de subtiles nuances de couleurs dont vont bénéficer ses « Paysages imaginaires de la Genèse ». Ces œuvres épurées chantent la beauté du monde. Il expose à la galerie La Bussola à Turin et dans les galeries Greer et Allan Rich à New York et Los Angeles. 

1973 - Exposition au château-musée de Cagnes-sur-Mer et à la galerie La Seggiola à Salerne. Robert Helman crée une série de tapisseries à la Manufacture d’Aubusson (atelier Pinton).

1974 - Robert Helman se lie d’amitié avec le critique d'art André Parinaud. Il expose conjointement à la galerie Albert Verbeke et à la galerie Jacques Verrière, puis à la galerie Kar à Toronto et la galerie Interarte à Gênes.

1976–1980 – Parution d'une importante monographie par Max-Pol Fouchet aux Éditions Cercle d’Art. Helman expose des Genèses à Paris à Artcurial, puis une série de « femmes-arbres » à la galerie Bellint, également à la galerie Gordon à Tel- Aviv, à la galerie Guglielmo Tell à Chiasso et à la Foire internationale de Bologne.

1981–1982 - Le marchand d’art Sami Tarica lui présente Wolfgang Gunther qui dirige la galerie Limmer à Freibourg (aujourd’hui installée à Cologne), c'est le début d’une longue collaboration qui permettra à Helman de montrer son œuvre de l’autre côté du Rhin. Helman expose également à la galerie Rayuela à Madrid, puis à la galerie Siete-Siete à Caracas, au Brenner’s Park-Hotel à Baden-Baden, à la galerie Becher à Wuppertal et de nouveau à la galerie Greer à New York. Il se lie d'amitié avec le poète Alain Bosquet qui lui dédie un poème publié dans une double-page de Connaissance des Arts.

1983 - Importante rétrospective « HELMAN -Quarante ans de Peinture » organisée par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris et présentée par Jean Duvignaud et Françoise Marquet.  Ce sera l'occasion de faire revenir de l’étranger de nombreuses œuvres inconnues du public français. Robert Helman expose en même temps des gouaches à la galerie Michelle Heyraud et à la galerie Scherer à Freiburg.

1984 - Robert Helman perd son œil gauche en ouvrant une bouteille de champagne. Une succession d’opérations chirurgicales l’affaiblit mais il reprend courageusement les pinceaux et commence sa série des « Soleils », c'est un retour au thème de ses débuts. Il  les expose à la galerie Limmer à Freiburg, qui les montre aussi à la Foire internationale de Bâle. La galerie Mayanot à Jérusalem lui rend aussi hommage.

1986  - Robert Helman se lie avec le marchand d'art Alain Digard qui l'expose pendant trois ans à la Galerie La Pochade. Ses œuvres sont aussi montrées à la galerie Nickel-Odéon à Paris, catalogue de Pierre Brisset, à la galerie Limmer à Freiburg, et au Palais des Congrès à Megève.

ROBERT HELMAN SCULPTEUR

1988 - Retiré dans sa maison en Champagne, Robert Helman se consacre à la sculpture sur métal et se rend chaque jour chez le ferronnier. Il produit de nombreuses pièces, dont certaines seront coulées en bronze en France et en Italie et exposées quelques mois plus tard à la galerie La Pochade et à la galerie Michelle Heyraud à Paris.

1990 Hommage de la Fondation Cartier à Robert Helman pour ses 80 ans. Rétrospective à la galerie Eterso à Cannes, catalogue de Jean-Marie Tasset. Robert Helman décède le 7 novembre 1990 dans sa maison en Champagne  à l’âge de 80 ans.